Beaumarchais est un célèbre dramaturge français auteur du Mariage de Figaro, second volet d'une trilogie. Ecrite  en 1778, elle est censuré et ne peut être jouée qu'en 1784.Le monologue ici étudié (acte 5,scene 3) nous montre les critiques que fait Figaro sur la monarchie ainsi que sur sa vie personnel qui a été boulversée a cause de celle ci.

En quoi ce monologue est un extrait revelateur du siècle de lumière?

Pour ce faire nous verrons le désespoir de Figaro et une critique  de la société.

Dans un premier temps on peut voir que dans ce monologue  Figaro medite sur sa situation , sa vie , ses mésaventures en disant qu’il a passé une grande partie de sa vie entrain d’etudier ou de travailler afin d’etre un honnete homme mais il se rend compte que autour de lui la noblesse a un grand pouvoir economique juste par lien héréditaire:’’Noblesse, fortune, un rang,des places , tout cela rend si fier!Qu’avez-vous fait pour tant de biens?Vous vous êtes donné la peine de nâitre, et rien de plus’’(ligne 2-3) Puis apres cette’’attaque’’ il se lamente de son sort :’’tandis que moi, morbleu!  Perdu dans la foule obscure, il m’a fallu déployer plus de science et de calculs, pour subsister seulement …’’(ligne 4-5). On peut voir une comparaison entre la vie de Figaro qui est un  vétérinaire et a une situation économique tres desavantageux. avec la vie du comte qui est une vie plein de luxe et plaisirs.

Ensuite on peut remarquer que meme si le destin ne la pas favoriser , Figaro essaye de change son destin de véterinaire avec d’autres travaillent dont le premier qui est acteur de théatre qui a  été un echec car selon lui il joua devant des princes et rois qui ne savaient meme pas lire.’’et pour faire un métier contraire, je me jette à corps perdu dans le théâtre’’(ligne 11 -12) ,’’pour plaire aux princes mahométans,dont  pas un, je crois, ne sait lire, et qui nous meurtrissent l’omoplate , en nous disant: chiens de chrétiens. Son deuxieme travail redacteur d’un écrit périodique est un autre echec en plus car on supprime son joural et sans emploi. Puis banquier de pharaon qui lui a permis de gagner de l’argent mais apres Figaro se fait voler et ne reste sans rien et decide pour finir de retourner a son emploi de vétérinaire.

 

 

En deuxieme temps on peut remarquer une critique de la société  à cause de l’inegalité economique entre les travailleurs comme Figaro et la noblesse comme le comte. Ce monologue a été joué pour la premiere fois en 1784 alors le personnage de Figaro su scene s’adressait a lui meme et au public qui etait  former de la haute noblesse alors ce monologue est une attaque directe au spectateurs de cette epoque.’’Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie!... Noblesse, fortune,un rang, des places, tout cela rend si fier!’’.Aussi Figaro critique la noblesse en disant que ce sont des illettrés et cherche a trouver la compassion du public en racontant sa vie. On peut remarquer une opposition avec le’’vous’’ et’’moi’’:’’Vous vous êtes donné la peine de naître ,et rien de plus’’,’’tandis que moi {…}seulement’’. Il y a aussi une remise en cause de l’équivalence’’grand seigneur’’ qui est un rang social et’’grand génie’’ qui est un mérite social. Cette critique social est  basé sur le fait que les personnes avec du talent et du savoir n’ont pas de chances de s’en sortir  meme si ils font des effort, la société ne lui en serra pas reconnaissante car elle mettra en valeur seule les personnes de la haute noblesse avec un très haut statut social

Pour conclure on peut voir que les revendications de Figaro sont tres proches de celles des philosophes de lumières car il critique l’injustice du travailleur comparé a celle du roi. Cette satire social se limite à un cas personnel meme si l’histoire de Figaro ressemble a beaucoup d’hommes appartenant à cette epoque qui doivent vivre miserablement et cette piece permettra de  faire’’ouvrir les yeux’’ a la société en montrant la dure vérité du 18 ème siècle.

 

 

Une Analyse complète ici

INTRODUCTION GENERALE

Suite du Barbier de Séville, Le Mariage de Figaro en reprend les personnages. Cependant, la situation a bien changé : le Comte, qu’on avait connu passionnément épris de Rosine, s’est détaché d’elle. Il entreprend de conquérir la fiancée de Figaro, Suzanne, qui l’a avoué à la Comtesse. Pour le démasquer, la Comtesse demande à Suzanne de donner rendez-vous au Comte, afin d’y aller à sa place, déguisée. Figaro, qui a intercepté le billet fixant le rendez-vous, croit à la trahison de Suzanne. Il s’y rend pour démasquer les coupables. En avance, il laisse éclater sa jalousie, son chagrin, mais surtout sa colère.

            "Le Mariage de Figaro, c'est la révolution en action" a-t-on pu déclarer à propos de la pièce de Beaumarchais publiée en 1784 après de multiples retards et interdictions. Effectivement, même si l'auteur s'est montré parfois plus modéré, son œuvre présente des critiques et des revendications d'une grande violence. C'est le cas dans la scène 3 de l'Acte V qui nous présente un monologue dramatique, véritable "parabase" (arrêt dans l'action) particulièrement long et difficile à jouer.

Nous montrerons comment le long discours de Figaro, véritable performance d'acteur, permet à Beaumarchais d'introduire sur un ton très emphatique et parfois comique, après une critique traditionnelle des femmes, en même temps qu'un rappel de sa vie passée, une critique sociale acerbe aux accents pré-révolutionnaires.

COMPOSITION DETAILLEE DE L'ENSEMBLE DE LA SCENE

I. Du début jusqu'à "benêt"

Introduction centrée sur la critique des femmes et leur tromperie prétendument traditionnelle. Emphase dans l'exclamation répétitive du début. Après une espèce de proverbe, image d'une "nature" spécifiquement féminine (cliché) : "tromperie instinctive". Généralisation conventionnelle insistant sur des défauts qui induisent une image négative mythique de la femme (Figaro s'oppose ici comiquement au parti pris "féministe" de Beaumarchais qui défend les droits de la femme et, en refusant les généralisations, revendique  le relativisme comme tous les penseurs du XVIIIème siècle). Ce développement est comique car en contradictions directe avec tous les discours précédents des Figaro. Comique de caractère accentué par l'emphase dérisoire du ton.

II. De "Non Monsieur le Comte" jusqu'à "jouter"

Virulente critique sociale contre la noblesse. F. met en parallèle le manque de mérite des classes dirigeantes qui ont obtenu tous les privilèges sans aucune peine et la "débrouillardise" nécessaire des gens issus d'un milieu modeste pour sortir de leur condition misérable.

C'est une critique des privilèges de classe que reprendront les révolutionnaires.

F. se lance dans un monologue imaginaire adressé au Comte qu'il considère comme un adversaire opposé à lui puisque non préparé à lutter à cause des privilèges de sa naissance ("et vous voulez jouter" ? = se battre, se mesurer comme dans un tournoi). Le ton est très vif en même temps que rhétorique (importance des exclamations, des pauses, des jurons, énumérations, quaternaires, notamment, hyperboles)

III. De "on vient" jusqu'à "Il s'assied sur un banc"

Transition qui nous replonge dans l'action. Fausse alerte, ce qui permet de rompre le risque de monotonie du monologue et de le relancer. Humour de Beaumarchais : "sot métier de mari" : celui de surveiller son épouse adultère.

IV. De "est-il rien de plus bizarre" jusqu'à "désabusé"

Reprise allongée du monologue que Figaro a tenu Comte qu'il venait de retrouver à l'Acte I scène 2 du Barbier de Séville. Long retour en arrière sur sa vie trépidante et picaresque (tradition née en Espagne : picaro, personnage d'origine modeste élevé par des bandits et qui va vivre mille aventures souvent centrées autour du voyage).

  1.  1ère ligne : introduction
  2.  jusqu'à "repoussé" : les "enfances du héros" : typiques débuts picaresques 
  3.  Le premier métier, vétérinaire
  4.  jusqu'à "sans emploi" : Les métiers de plume (Figaro écrivain)
  • 1ère tentative : l'auteur dramatique à
  • 2ème tentative : les écrits économiques et l'emprisonnement à
  • 3ème tentative : "le journal inutile" paradoxe comique à 3ème critique de la censure

Beaucoup d'humour et d'esprit dans ces différentes critiques. Beaumarchais règle ses comptes comme il l'avait déjà fait dans Le Barbier de Séville

5. Le joueur de cartes après des tentatives désespérément infructueuses : Banquier de pharaon

S'assortit d'une critique sur la malhonnêteté foncière des gens même "comme il faut". Corruption généralisée.

                6. Après la tentation du suicide, le retour à l'ancien métier : barbier (il s'occupait également de médecine àvétérinaire à ligne 83 "cuivre anglais" : permet d'aiguiser les rasoirs.).

                7. Résumé éclair du Barbier de Séville et du Mariage de Figaro à + indications scéniques qui relancent chaque fois le monologue.

                8. Méditation conclusive sur la destinée humaine, profondément imprégnée de la philosophie du XVIIIème siècle :

Problème du hasard, du déterminisme, mais aussi échos des préoccupations scientifiques dans une série d'interrogations sans réponses. Interrogation sur le "Moi" : énumération des différents personnages qui se succèdent dans la vie tour construire l'individu. Egalement, auto-analyse du personnage : éloge de la paresse, hédonisme, comme cela apparaissait déjà dans la scène 2 de l'Acte I du Barbier de Séville

V. De "Suzon" jusqu'à la fin : le retour à la situation présente avec l'allusion à son désabusement qui lui rappelle son infortune

Analyse COMPOSEE rapide de l'ensemble du monologue

I. Du désespoir à la révolte

La colère de Figaro, qui parle " du ton le plus sombre ", introduit d’emblée le spectateur dans un univers en totale rupture avec celui, vif et plein de gaieté, des actes précédents. L’invocation initiale situe la scène à la fois dans la généralité et dans un rapport étroit avec l’intrigue : Figaro entame son monologue sur un commentaire de sa situation. Emu, comme le montrent les répétitions et les coupures du discours, il est d’abord plongé dans une sorte de fatalisme à peine mis en doute par la tournure interrogative : " nul animal créé ne peut manquer à son instinct : le tien est-il donc de tromper ? " Son indignation se transforme vite en révolte, cependant, le fatalisme cède la place à la colère quand le valet cesse d’envisager Suzanne pour penser à son maître, et par là à lui-même.

II. Un conflit irrésolu

Le texte commence à prendre sa véritable allure, en effet, lorsqu’au lieu de s’adresser à l’éternel féminin, Figaro s’adresse au comte. L’apostrophe dynamise le discours, tout comme l’absence du comte autorise le valet à dire tout ce qu’il a sur le cœur. Cette conjonction entre la deuxième et la troisième personne permet au conflit de se dire, enfin, à découvert. En son absence, et sans déguiser son discours, Figaro peut enfin dire non à son maître. Un refus dramatisé par la répétition : " Non, monsieur le Comte, vous ne l’aurez pas... vous ne l’aurez pas ". La détermination qui s’affiche ici signale un passage de la soumission (au destin, à la nature des femmes, au pouvoir du comte) à la révolte. C’est sur la base d’une émotion violente que se joue ce changement de posture, qui prend la forme d’une véritable conversion : Figaro biaisait et jouait, jusque-là ; à présent, il lutte.

III. Elargissement du débat

Ce changement de posture a pour corollaire une remise en cause de toutes les données de la vie de Figaro. L’autobiographie arrive, mais avant de dire " je ", le valet accomplit une libération théorique et politique vis-à-vis de toutes les hiérarchies dans lesquelles il est pris. Quitter la soumission, c’est nécessairement remettre en question le pouvoir du comte, et par là sa valeur, dans un monde où le pouvoir se fonde théoriquement sur la valeur. De là cette scandaleuse redistribution de la valeur, définitivement déconnectée du système ancien (valeur = naissance) pour donner naissance au système moderne : la valeur, ce sont le talent, l’effort, le travail, la science et les calculs. Figaro assoit sa révolte sur la ruine de ce qui fondait sa soumission. C’est au moment où le destin l’écrase, où la fatalité semble devoir l’emporter, qu’il accomplit l’effort théorique qui le libérera définitivement de toute fatalité, qu’elle soit sociale ou biologique.

COMMENTAIRE COMPOSE DU RETOUR EN ARRIERE DE FIGARO SUR SA VIE PASSEE

I - Un picaro 

A. L’origine sociale

Figaro a passé toute sa jeunesse sans connaître ses parents. Il n’avait donc pas de statut social, puisqu’il n’a pas d’état civil, encore moins de naissance. Comme ses modèles espagnols, l’ignominie sociale le caractérise. Toutefois, contrairement à Pedro del Rincon, il refuse de verser dans l’illégalité : il se " dégoûte " des mœurs des bandits et veut " courir une carrière honnête ". Il affirme donc sa liberté de conscience. 

B. Les activités

En bon picaro, Figaro a enchaîné les activités. Tout l’extrait est construit sur une parataxe, qui, en supprimant les liaisons temporelles, crée une forte impression d’accumulation. Ainsi, Figaro est d’abord " bandit ", puis étudiant, puis " vétérinaire ", puis auteur dramatique et philosophique, puis rédacteur, et enfin " banquier de pharaon ", le tout en passant par la prison. Cette variété des activités, et la rapidité avec laquelle elles s’enchaînent montrent l’habileté de Figaro et sa capacité à s’adapter. Le motif de l’écrivain suggère une forte parenté entre le personnage fictif et son créateur, il suffit pour cela de lire une biographie de Beaumarchais, pour y sentir l’âme de l’aventurier. 

C. La quête de la subsistance

Lorsque Figaro mentionne ses différentes activités, il en explicite souvent les motivations. Or, elles sont très concrètes, il s’agit de survivre : " et, comme il faut dîner (...), je taille encore ma plume ".

De même, la peur de l’expulsion force à produire un essai économico-philosophique : " Mes joues creusaient, mon terme (pour son loyer N. D. P.) était échu ; je voyais de loin arriver l’affreux recors " (espèce d'huissier N. D. P.). Enfin, devenu banquier de pharaon, Figaro constate amèrement sa réussite d’alors : " alors, bonnes gens ! je soupe en ville ". On voit donc que l’accumulation des activités ne s’est pas forcément faite par goût du changement, mais plutôt par nécessité économique. 

II - L’obstacle social 

A. Le talent

Figaro a tous les talents. Il a d’abord une bonne nature : " élevé par des bandits ", il refuse de suivre leur voie. Il est intelligent, ce que montrent ses études : " J’apprends la chimie, la pharmacie, la chirurgie ". On remarque qu’il n’évoque pas de difficultés, et le présent de narration allié à la brièveté de la phrase et à l’asyndète donne une impression de rapidité, synonyme ici d’aisance. Ensuite, il est motivé : il se " jette à corps perdu dans le théâtre ". Enfin, il n’est pas contrariant, " auteur espagnol ", il choisit un sujet qui ne remet pas en question la société espagnole : " je crois pouvoir y fronder Mahomet sans scrupules ".  

B. Mérite et Société

Son mérite ne permet pas à Figaro de réussir. Talentueux médecin, on lui donne tout juste une " lancette vétérinaire ", alors qu’il bénéficiait de " tout le crédit d’un grand seigneur ". Chacune de ses entreprises rencontre un obstacle : " partout je suis repoussé ". Le participe passif suggère une force s’opposant à lui, mais qu’il ne précise pas. Cette force, c’est le conservatisme social, qui ne reconnaît pas le mérite individuel, mais la naissance. Finalement, cette société pousse les hommes mal nés à la malhonnêteté, puisqu’elle les empêche de réussir honnêtement. Dès lors, Figaro devient " banquier de pharaon ", entrant dans le domaine de la triche professionnelle. Or, c’est cette activité qui lui donne de la reconnaissance : " les personnes dites comme il faut m’ouvrent poliment leur maison ".

La critique sociale est donc assez virulente. 

C. Critique politique

Ce sont aussi les pouvoirs politiques qui empêchent Figaro de réussir. Il dénonce tout d’abord la complaisance du pouvoir à l’égard de la religion. Ainsi, sa comédie est " flambée pour plaire aux princes mahométans ".

Il dénonce aussi le pouvoir politico-économique. Son essai lui vaut d’être envoyé en prison, sans que les causes lui en soient précisées. L’injustice des détentions arbitraires, des lettres de cachet, est ainsi évoquée : " ces puissants (...), si légers sur le mal qu’ils ordonnent ".

Enfin, la censure est plaisamment attaquée, par antiphrase : " il s’est établi un système de liberté ", suivi par la liste des interdictions, si longue qu’elle finit par réduire à néant la liberté évoquée plus haut, ce qui n’empêche une vérification finale par " deux ou trois censeurs ". Non seulement Figaro dénonce, mais il montre l’absurdité. 

III - La distance 

A. La colère

Figaro n’est pas détruit par ce système, il se révolte contre lui, comme le montre sa colère : " Que je voudrais bien tenir un de ces puissants ". L’origine de sa colère, c’est bien sûr la jalousie, la colère, contre un homme, socialement mieux placé que lui, qui cherche à lui enlever son bien. Mais, cette situation devient emblématique d’une situation plus générale, celle de l’écrasement du faible par le fort, celle de l’abus de pouvoir. Figaro éprouve donc une envie de violence presque physique, il voudrait " tenir " le comte, mais cette violence, il la cantonne au langage : " je lui dirais... " 

B. Grandeur de l’homme dans son langage

Figaro montre sa grandeur et sa dignité par son style. Il donne ainsi une véritable leçon à ses destinataires absents (" ces puissants de quatre jours "), en enchaînant les maximes, comme l’indiquent les présents de vérité générale : " je lui dirais ... que les sottises imprimées n’ont d’importance qu’aux lieux où on en gêne le cours ; que sans la liberté de blâmer... ". Le rythme donne l’impression d’une envolée lyrique, montrant l’inspiration de Figaro, et sa maîtrise du langage qui lui permet de ridiculiser les " petits hommes ". 

C. L’humour

Malgré toutes ses mésaventures, Figaro peut encore rire et faire rire de l’injustice. Ainsi, le séjour en prison devient, par euphémisme, une " retraite économique ", ce qui montre qu’il ne se laisse pas abattre. De même, pour dénoncer les injustices, il a recours à l’hyperbole et à l'accumulation, qui montre l’absurdité des situations : on "se plaint que j’offense dans mes vers la Sublime Porte, la Perse, une partie de la presqu’île de l’Inde (...)". Tout cela permet d’attirer la sympathie du spectateur, d’autant plus que le personnage possède un véritable art du récit qu’il rend vivant par les présents de narration, l’enchaînement rapide des événements, un sens du détail concret, du trait, comme la peinture caricaturale de " l’affreux recors, la plume fichée dans sa perruque ".  

Personnage plein d’humour, d’esprit, se caractérisant jusqu’alors par sa légèreté de ton, Figaro devient dans ce monologue un virulent contestateur, tout en gardant un ton humoristique, qui lui conserve la sympathie de tous les publics (la pièce fut jouée à la Cour de Louis XVI par la Reine et le frère du Roi). Ce monologue montre aussi pourquoi la pièce a été longtemps interdite par décision royale.

CONCLUSION SUR L'ENSEMBLE DE LA SCENE 

Ainsi cette scène, ce "morceau de bravoure", qui se présente comme une gageure et qui est fondée sur la convention du monologue dramatique, parvient, malgré sa longueur à maintenir notre intérêt. Ce n'est certes pas du point de vue de l'action, puisque, loin de la faire progresser, elle l'arrête. Mais c'est grâce à son humour fondé sur la vivacité, l'exagération, les mots d'auteur, les paradoxes ; c'est grâce à l'éclairage qu'elle confère à la personnalité de Figaro, en même temps que sur celle de son créateur dont l'existence mouvementée a fortement influencé celle de son personnage ; c'est enfin grâce à la critique sociale fortement polémique : revendication de la liberté d'expression, crique de la censure, de la corruption, des mœurs sociales ("piston", cupidité) et des privilèges de l'aristocratie qui ne sont fondées sur aucun mérite. Figaro, dépassant en ceci son auteur, est le prototype de cette bourgeoisie conquérante qui renversera l'Ancien Régime. 

Autre conclusion proposée par un autre professeur :

Cette longue tirade n'apporte rien à la dramaturgie, mais constitue un extraordinaire règlement de comptes avec la société. Ce brûlot lancé contre l'Ancien Régime reprend les grands combats menés tout au long du XVIIIème siècle par les philosophes et les Encyclopédistes : les atteintes à la liberté d'expression et de pensée, à la création littéraire sont ici dénoncées ; la condition de l'artiste et de l'homme de génie, dans une société qui ne reconnaît que le nom et la naissance, est aussi remis en question ; l'arbitraire royal, les pouvoirs exorbitants des privilégiés, ces "puissants de quatre jours", la censure sont évoqués avec des accents d'indignation qui annoncent le ton des futurs révolutionnaires. L'injustice de cette société apparaît plus puissamment encore dans le destin de Figaro, traversé des expériences de Beaumarchais lui-même. En faisant de son personnage son porte-parole, l'auteur affirme son humanisme. Des idées novatrices, certes il en a, mais pour l'homme qui, seul, justifie son engagement ; pour l'homme, le respect de ses droits naturels - selon les aspirations des penseurs du XVIIIème siècle - pour son épanouissement, son bonheur, notion nouvelle que chacun des philosophes a cherché à redéfinir.

            Au-delà du règlement de comptes d'un personnage, d'un auteur, avec une société inégalitaire, il faut percevoir dans cette longue tirade que Beaumarchais "retailla" mais refusa de supprimer, l'expression d'un état d'esprit qui faisait alors son chemin dans le peuple ; l'écrivain devient alors, par le biais de son héros, l'interprète de la nation.

BEAUMARCHAIS - Le Mariage de Figaro

Acte V, scène 3 - Monologue de Figaro

Introduction

Présentation de Beaumarchais et du Mariage de Figaro

Situation du passage

Figaro croit que Suzanne a accepté un rendez-vous avec le Comte. En réalité, c'est la Comtesse qui ira au rendez-vous sous le déguisement de Suzanne, mais Figaro l'ignore.

Dans ce monologue, Figaro médite sur la situation, sur sa vie et ses mésaventures. Sa vie est une suite d'entreprises ratées mais la responsabilité de ses échecs incombe à l'injustice, à l'inégalité sociale.

Axes de lecture

  

Un monologue qui exprime les sentiments de Figaro : son désarroi, la colère contre Suzanne, contre le Comte ;

  

La colère de Figaro traduit une remise en cause d'un ordre social.

I. Un monologue qui exprime colère et douleur : étude des tonalités

A. Le désarroi de Figaro : un personnage en proie à un trouble profond

  

Des circonstances favorables : la nuit, la solitude (cf. didascalie).

  

La ponctuation abondante (points d'exclamation, points de suspension) traduit l'intensité, la confusion des sentiments, l'agitation intérieure du personnage.

Quelles sont les causes de ce désarroi ?

B. La jalousie : diatribe contre les femmes

  

Ton quasi tragique du début : effet oratoire de la série d'exclamations.

  

Généralisation de l'accusation.

  

Misogynie : vocabulaire dépréciatif

C. La colère contre le Comte

  

Elle est due à la perfidie du Comte et à sa propre naïveté.

  

Glissement du pronom de la 3ème personne à la 2ème personne : mise en place d'un faux dialogue avec le Comte.

 

Agressivité

 

Opposition forte : "vous" / "moi" ; le défi.

D. Une méditation sur sa destinée

 

A partir de la didascalie "Il s'assied sur un banc", retour à un certain calme, retour sur soi. Début d'un long passage narratif dans lequel Figaro évoque ses expériences passées : le ton devient plus lyrique.

 

Interrogation sur sa destinée : sentiment d'une fatalité qui s'acharne sur lui ; l'incompréhension se traduit par des phrases exclamatives.

II. La critique sociale

A. Les privilèges de la noblesse

 

Révolte contre le droit du seigneur (=droit de cuissage) : "vous ne l'aurez pas" (2 fois)

 

Remise en cause de l'équivalence "grand seigneur" = rang social / "grand génie" = mérite personnel.

 

Énumération des privilèges

 

Ironie sur les privilèges dus simplement à la naissance.

B. La difficulté d'être roturier

 

L'opposition "vous" / "moi".

 

La situation difficile du roturier, les efforts à déployer.

 

L'échec de l'honnêteté et du mérite dans une société inégalitaire. Le talent, le savoir ne permettent aucune ascension sociale.

Conclusion

 

Un monologue aux tonalités variées.

 

Un personnage qui réfléchit sur le sens de son existence. Figaro ressemble au type du "picaro". 

 

Une satire sociale. Les revendications de Figaro : une société qui reconnaîtrait les talents et les mérites personnels plutôt que les privilèges liés à la naissance. 

 

La portée de l'oeuvre : un valet qui revendique son autonomie, qui remet en cause la structure de la société. Ses revendications rejoignent celles des philosophes des Lumières. Mais sa révolte se limite à son cas personnel ; sa diatribe contre le Comte, le défi qu'il lui lance, se font en son absence.